Après en avoir tant entendu parlé, et en avoir tant rêvé, nous mettons le cap sur les chemins du Canal Nantes - Brest. Notre projet n’est pas de le faire d’une seule traite, même si ce n’est pas l’envie qui nous manque, mais plutôt le temps. Alors, nous avons pris le parti de le faire par étape, à notre rythme. Pour cette première étape, nous avons fixé comme objectif : 100 km en 3 jours (Nantes - Redon), avec chacun une charge de 30 à 35 kilos dans les remorques.
Nous avons, pour l’occasion, fait quelques ajustements de dernière minute. L’achat, certes coûteux, mais très utile, et dont nous sommes très satisfaits, d’une nouvelle tente : la Tauraus II de chez Vaude (un bijou). Elle est d’une simplicité à monter, c’en est déconcertant. Et surtout c’est une vraie 3 places. Nous l’avons testée lors de ce périple et nous l’avons adoptée avec enchantement.
Nous avons ainsi compensé la prise de kilos de notre petit bigornot par une tente plus légère : 2kg600 pour 3 personnes…pas mal !
Tente Vaude Taurus II
Je vous épargne notre arrivée laborieuse à Nantes, car la ville en elle-même bien que jolie n’était pas notre destination finale. Il faut aussi avouer que lorsque vous êtes en recherche de nature et de désert humain, vous ne voulez pas vous retrouver dans une cité de cette taille.
Nantes
Nantes
Mais voilà, nous voulions vraiment commencer le périple à son point de départ, sans tricher.
Donc, après une nuit à Nantes, nous arnachons nos montures et partons de bon matin, par un soleil qui ne nous quittera pas du voyage.
La sortie de la ville fut difficile. C’est à mon avis, une étape avec peu d’intérêt. La rivière est certes belle et large, mais le chemin qui la longe est jonché d’obstacles, pour limiter l’accès des 2 roues motorisés, qui par voie de conséquence, limite aussi l’accès aux 2 roues non motorisées que nous sommes. Ces obstacles deviennent infranchissables avec les remorques, et il faut sans arrêt descendre de selles et dételer , et recommencer la manœuvre inverse de l’autre côté de l'obstacle. Nous avons donc perdu un temps précieux.
Sortie de la ville, nous continuons sur une longue départementale, avec beaucoup de trafic routier. Mais au moins, là, on avance ! Celle-ci nous permet de rejoindre Nort/Erdre, où enfin commence l’authentique chemin de halage.
Une pause s’impose !
C’est splendide : le canal est relativement étroit à cet endroit, et le courant paisible. Bigornot découvre de nouveaux insectes : les gendarmes. Quant à moi, je flotte en plein rêve.
Lorsque nous reprenons la route, c’est pour découvrir des endroits plus magnifiques les uns que les autres, c’est pour sentir des mélanges d’odeurs fleuries et aquatiques, c’est pour vivre la liberté ! Nous sommes heureux tout simplement.
De-ci de–là, nous remarquons les quelques traces laissées par un bivouac, un feu de camp, et nous pensons déjà à celui que nous ferons ce soir. Nous respirons, nous pédalons, et nous transpirons aussi, car le soleil est avec nous.
L’après-midi touche bientôt à sa fin, et nous avançons plus vite que prévu, car le terrain est plat et agréable. Bientôt un magnifique endroit de bivouac s’offre à nous, comme par enchantement. C’est que la nature vous rend bien vos efforts de la journée !
Nous élisons domicile pour la nuit près d’une ravissante écluse, joliment nommée « La haie Pacoret ». Les mots me manquent pour décrire ce havre de paix et notre joie.
La haie Pacoret
Bigornot se lance déjà à la recherche de bois sec pour le feu de camp, et nous aide à installer le campement. Il en profite pour se faire une collection de coquilles d’escargots vides, que nous ramènerons dans le Nord avec nous : un véritable trésor !
Pendant que nous préparons notre festin du soir : coquillettes au fromage et sauce à l’aubergine, Bigornot en profite pour faire une petite partie de pêche dans l’écluse. Ma foi, je crois que ce n’est pas ce soir qu’on mangera de la truite !! Il faut croire que les poissons n’aiment pas le Cherrios !
Bientôt 2 petits bateaux de plaisance approchent. Bigornot a déjà compris le système d’ouverture et de fermeture des écluses manuelles. Il est vrai que nous avons vu passer de nombreux bateaux toute la journée, et qu’il fallait s’arrêter pour les regarder à chaque passage d’écluse.
Le voilà donc tranformé en petit éclusier pour la soirée.
Les plaisanciers agréables nous sourient et nous parlent. Ils nous inviteront même pour partager une petite grillade, mais nous refusons, car nous aimons notre tranquillité et notre feu de camp.
Ils accostent à un ponton un peu plus loin, et l’odeur de la grillade vient taquiner nos narines!
Le ciel se couvre d’une épaisse couche nuageuse menaçante. Je crains le pire, mais il ne pleuvra pas. Ni ce soir, ni les autres jours d’ailleurs.
Le lendemain, une brume matinale flotte sur le canal. Nous essayons de la capter dans l’objectif, mais rien n’est si beau et si vrai que de voir les rayons du soleil filtrer au travers de cette brume, et de sentir sa fraîcheur dans l’air.
Comme à son habitude, notre bigornot dort bien… très bien. Il nous faudra le réveiller pour prendre le petit déjeuner et plier bagages.
Nous sommes fiers de notre de notre efficacité à remballer. Bon d’accord, le matériel y est pour quelque chose! Fini les 2 heures de préparatifs au rangement ! nous sommes opérationnels, une fois nos ventres pleins, en une bonne heure.
Ce qui ne nous empêche pas de flâner un peu avant les premiers coups de pédales.
La popote idéale
Au vue de notre avancée de la veille, nous décidons de rallonger l’étape du jour, nous permettant ainsi d’atteindre le camping de Genrouet. Ainsi la dernière étape jusqu’à Redon en sera, elle, écourtée.
Les écluses s’espacent un peu plus sur ce tronçon et le canal s’élargit. Nous sommes samedi, et nous croisons de plus en plus de bateaux qui descendent sur Nantes. Nous les saluons à chaque fois, et les sourires nous sont renvoyés très amicalement. Nous croisons également beaucoup de pêcheurs et de randonneurs.
Nous avalons les kilomètres au rythme d’un chemin tantôt serpentant, tantôt filant en grande ligne droite qui nous semble sans fin.
2ème jour, milieu d’après-midi, Maman craque. Elle a chaud, et puis il ne serait pas un vrai itinérant sans un petit craquage de Maman. Papa est patient et propose une vraie pause, alors que nous ne sommes pas bien loin de notre arrivée. Il motive maman avec une collation spéciale efforts, et quelques Dragibus, partagés sur un ponton au soleil. Nous croisons un photographe originaire de Genrouet, avec lequel nous entamons une courte conversation sur la délimitation Bretagne – Pays de la Loire. Intéressant...
Un peu plus tard, nous arrivons au camping. Nous avons longuement hésité à refaire un bivouac, mais le besoin d’eau potable et peut-être d’un peu de confort aussi, nous fit planter la tente au camping. Ma foi, quelle déception ! Les douches étaient froides, et je pense qu’on aurait eut tout autant de confort en bivouac.
Camping de Genrouet
Louloup a profité du petit terrain de jeu, où il aura perdu une voiture, pour y trouver en échange durant ses recherches, un Playmobil indien qu’un autre enfant avait dû perdre avant lui… en échange de quoi ??
Quant aux adultes « raisonnables » que nous sommes (parfois), nous avons profité d’une bouteille de cidre achetée en chemin.
Comme tous les soirs, le ciel se voile un peu. Et comme tous les matins, le soleil est au rendez-vous, pour cette dernière étape.
C’est toujours aussi splendide à nos yeux, et le moral est au plus haut, même si nous savons que nous sommes bientôt à la fin de notre merveilleux voyage. Durant ces quelques jours de liberté, nous nous sommes rapprochés tous les trois. Cette façon de voyager, de vivre, de découvrir nous va si bien. Nous nous sentons heureux et sereins. C'est presque plus fort que nous, c'est ancré et c'est comme cela qu'on conçoit notre vie.
Nous arrivons au camping situé à côté de Fégréac, en tout début d’après-midi. Cela nous permet de nous installer librement dans ce camping municipal désert, qui, à notre goût possède plus de confort que celui de Genrouet. Douche longue et chaude… très chaude, et surtout calme et verdure.
Un autre couple, qui effectue le même trajet, s'installera dans l'après-midi. Nous échangeons nos impressions.
Pendant la pause repas, nous apercevons un écureuil curieux, qui nous observe du haut de sa branche. Il prend une pause, puis file à l’anglaise. Louloup lui déposera quelques glands ramassés en chemin. Le lendemain ils auront tous disparus !
Camping de Fégréac
Nous profitons de l’après-midi pour partir sur Redon et visiter un peu. Nous trouvons la gare, d'où nous avions prévu de partir le lendemain, pour retourner sur Nantes. Mais, étant donné qu'il est encore relativement tôt (16h), papa propose de repartir seul sur Nantes et de nous rejoindre au camping avec la voiture. Ce qui pourrait nous faire un gain de temps précieux pour le lendemain, puisque nous pourrions charger la voiture dès notre réveil.
Le choix est donc fait, et le prochain train part dans 30 min. Nous patientons tous les trois. Le train arrive en gare. Papa monte à bord, et nous restons sur le quai, le coeur serré. Le sifflet retenti, comme un hurlement, et le train s'éloigne déjà.
Combien de temps cela va-t-il prendre avant que l'on soit de nouveau réuni. C'est une véritable coupure à vif de se séparer après ces quelques jours de symbiose. Et il semble que le sentiment soit partagé pour tous, y compris Louloup.
Maman reprend la route tout de suite, sans aucune envie de poursuivre la découverte de la ville. Un silence de plomb, qui pourtant en dit long, pèse tout le long du chemin.
Ce n'est qu'une fois de retour au camping que les langues se délient... mais juste pour dire "quand reviendra-t-il ?" On se sent perdu... Maman décide alors de faire une petite ballade à pieds, jusqu'à l'écluse, qui est superbe. Et comme dans les films, la mélancolie nous gagne, le temps s'alourdit et la température baisse. On veut se blottir dans la tente, se nicher dans son duvet pour ne plus en ressortir.
vue aérienne de l'écluse de Fégréac
Maman est fatiguée, elle décide de s'allonger un peu dans la tente, au chaud et de lire une petite histoire avec Louloup.
C'est à cet instant qu'arrive, comme un sauveur, papa, dans sa belle voiture argentée. Nos coeurs se remettent à battre et nous retrouvons goût à la vie. En plus, il revient avec de quoi nous faire un bon repas !
Finalement, il ne lui aura fallu que 3 petites heures pour faire l'aller-retour Redon - Nantes.
Dernier jour de vacances. Nous visitons Redon avant le grand départ. Nous découvrons les "baraques à crêpes" sur le marché, et ne pouvons nous empêcher d'en goûter. Après quelques achats, nous tournons déjà la page de ce chapitre... vivement l'année prochaine pour la suite !
Redon
Baraque à crêpes
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